mardi 15 décembre 2015

Traversée vers les îles, 2e partie.

Le 6 décembre.
Suite à notre mésaventure d'hier, on a utilisé beaucoup de fuel et il ne nous reste pas assez pour rejoindre la terre.  Il nous faudra du vent, et du vent qui nous permettra d'avancer!  Malheureusement, aussi loin qu'on puisse voir, nous ne bénéficierons pas de vents portants, les vents venant du sud, exactement là ou nous allons.  Nycole a demandé un avitaillement en fuel en mer et nous sommes contactés par un cargo en fin d'après-midi.  Le Federal Miramichi a reçu la demande de la USCG de nous donner du fuel par mesure d'aide. Vers 22h, en pleine nuit, on se rencontre en mer. Nous nous plaçons à 50 pieds de lui et l'équipage nous lance une ligne.  Par cette ligne, ils nous passent 16 bidons remplis de fuel.  Hisser les bidons demande tout un effort à Alain et Karine.  Les bidons sont glissants d'huile.  On les attaches au pont avant et à l'arrière. Il y en a partout...
Le cargo, vu de très près!
Des bidons glissants de fuel, partout!





Le 7 décembre, au matin: la mer est calme, presque sans vent.  C'est le temps idéal pour transverser le diesel vers le réservoir.  J'utilise une petite pompe à main que je plonge dans le bidon.  50 coups de pompe et c'est vidé!  Heureusement, j'ai un filtre/entonnoir pour filtrer le fuel.  Je récupère du sel et des sédiements en quantité.  Je dois nettoyer le filtre à 4 reprises car il se bloque.  Mieux vaut celui-ci que celui des moteurs...  Vers 11h, l'opération est terminée.  Je suis couvert de fuel car ma pompe s'est désaboutée pendant que je pompais et je me suis fait une douche de fuel.  J'en profite pour aller prendre un petit bain dans l'atlantique, tout comme Alain, lui aussi glissant de fuel!



Par la suite nous reprenons la route.  Le vent ne nous sera jamais favorable jusqu'à la fin du voyage.
Le 7 au soir, Alain nous prépare un souper chaud malgré l'inconfort dans la cuisine.  Ça nous fait un bien immense et les enfants commencent à s'alimenter adéquatement.  Le 8, je fais des crêpes au déjeuner et tout le monde mange à sa faim.  Il nous reste encore 400 miles pour rejoindre PortoRico.  Nous cherchons l'endroit le plus rapide à rallier, on oublie les Iles Vierges.  Turk and Caicos serait une autre option, mais PortoRico serait préférable pour réparer le bateau. Nous avançons au moteur par mer d'huile et houle 1-2 pieds.

Le 8 décembre.  Une autre dépression vient sur nous.  Le vent s'intensifie, du sud.  On subit des grains fréquents, qui nous détrempent sans cesse.  Tout est mouillé dans le bateau et on arrive pas à faire sécher notre linge.  Ça sent mauvais dans le bateau.
9 décembre.  11e jour en mer.
Le soir venu, la mer s'est levée et des vagues de 8 pieds viennent du sud.  On essayer de faire du près: impossible avec la vague.  Même au moteur, on arrive à peine à faire 2.5 noeuds. On n'y voit rien dehors et même avec une lumière on ne distingue pas les vagues qui viennent nous frapper sournoisement.  Il faudrait faire une route à 240 degrés, ce qui nous éloigne de PortoRico. Je n'ose plus mettre à la cape, craignant qu'une vague nous couche encore.  On entend d'ailleurs des vagues déferler, sans les voir... Tant qu'à s'éloigner, on décide de déployer l'ancre flottante, un gros parachute qu'on jette à l'eau.  Malgré tout, le bateau demeure très inconfortable et aucun de nous ne dormira de la nuit. Au lever du soleil, on retire le parachute: tout un exercice.  Impossible de faire route vers le sud: on fera donc cap à 100 degrés vers l'Est. On est brûlés, fatigués et démoralisés.  On a fait seulement 40 miles vers le sud au cours des derniers 24h...

Le 10 décembre: Vents de 20-22 noeuds. Vague de 6 pieds.  On a encore la trinquette et  2 ris dans la grand-voile.  Grimpé dans le mat pour attacher la drisse, je me fait déporter dans les airs et je tiens dans les airs au bout de la drisse.  Je deviens en beau joualvert.  J'envoie promener l'Atlantique comme c'est pas permis.  J'en ai ma claque et j'engueule Neptune comme du poisson pourri.

Les 3 derniers jours seront plus faciles avec un vent qui tourne à l'Est.  On peut avancer vers notre but un peu plus facilement.  '' les Alizés'' sont devenus un joke sur le bateau et on fait toujours un signe de guillement avec les doigts quand on parle d'eux.
- '' Les Alizés, Alain,  on va les avoir bientôt!''
 -Les quoi?  Jamais entendu parler de ce nom là...






J'utilise mon cerf-volant pour faire un peu de KAP: Kite Aerial Photography.  Lancé à 300 pieds, mon cerf-volant hisse la Gopro suspendue en dessous.  La Gopro prend une photo toutes les 2 secondes, ce qui nous donnera plusieurs bonnes photos de Blackcat en navigation.  Appréciez l'eau bleue de l'océan!

Nous rencontrons un catamaran en mer: Wonderland, un Portoricain qui a essuyé la même tempête que nous.  Lui aussi a brûlé tout son fuel et il a déchiré sa grand-voile et son génois.  On se donne des infos sur la météo et il nous suggère la marina de Porto Del Rey, à Fajardo.  C'est la plus grande marina en atlantique du côté des amériques: 1000 slips, 400 places à sec.  Immense.  On y trouvera un mécanicien pour nous aider avec le pilote automatique et l'hydraulique.

Poisson volant retrouvé sur le pont au matin.



Rencontre de nombreux bateaux de croisière...

Coupe de cheveux en mer!



Daupins

Dauphins

Arc-en-ciel après un grain.




Finalement, le 13 décembre au matin, on appreçoit Porto Rico.  L'île est montagneuse et se voit de loin, mais l'entrée vers Fajardo est bordée de récifs qu'on ne voulait pas naviguer de nuit.
Récifs de l'entrée vers Fajardo.


Entrée de Porto Del Rey marina.
En arrivant au quai, on sort le champagne.  Il nous claque fort car on est fatigués.  On se sent mal.  Alain profite du wifi pour se chercher un vol et trouvera rapidement un vol pour le lendemain.  Ça nous fait de la peinne de perdre un si bon équipier.  En même temps, il a beaucoup donné pour la traversée et il a hâte de retrouver les siens. On lui doit une fière chandelle en tout cas: Merci Alain!






Aucun commentaire:

Publier un commentaire